Traversée de l'Atlantique à la Rame
et en Solitaire
13 Décembre 2020 - 10 Mars 2021
I dit it !
!
Merci !
Le Départ
Patience, nous partons bientôt ! Excités comme des acariens qui se préparent à traverser le salon de la moquette! @ très vite..
Samedi 05 Décembre
Arrivés la veille au soir, nous découvrons ce matin, le petit port de La Restinga, au Sud de l'ile d'El Hierro, archipel des Canaries ; petit bout du monde, aux portes des immensités Atlantiques, aujourd'hui, rencontres avec les habitants = à l'espagnole : Hola, qué tal, dos canas por favor, bref ambiance que j'aime . Premiers vrais moments où j'ai l'impression de mieux respirer, avant de se remettre au travail alors, au programme, détente car j'en ai besoin !!!!!
On commence à checker le bateau demain matin .
Jp commence à scruter la météo pour les prochains jours
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Anecdote du jour : le bateau d'un pêcheur local...Transpercé par un Espadon ! coque percée, bateau presque coulé ... Quand tu vois le trou, ça peut faire peur ! Bienvenidos Amigos !!!
Dimanche 6 Décembre
Journée déchargement...Puis chargement des matériels divers : sécurité, outillage, armement bateau, effets personnels...Et bouffe , ça, y'en a et aucune chance de perdre du poids ; entre les Lyophilisés filés par Désertours, les boites, sachets, condiments, desserts filés eux par Intermarché St Pée sur Nivelle, les conserves maison gentiment préparées par Marie Jeanne B. et Babeth L; et puis les petits trésors sucrées offert par Mr Le Maire du village ,je peux tenir un siège ( et je ne vous parlerai pas des boisson, merci Fabien et Xan ...y'a du lourd ! ) Bref, Gwen et Jp sont désemparés :)
Voilà pour aujourd'hui, journée bien remplie ; repas au resto ce soir !
Lundi 7 Décembre
Journée quasi identique à la veille avec aujourd'hui, la venue de Pierre Joly, un remarquable marin qui entre autres qualités, est un redoutable électronicien ; check complet des systèmes et rajout de petits détails ; Pour ma part, je refais et défait les boites et sacs, afin de bien repérer où se trouvent l'ensemble des équipements et autres, sous le regard bienveillant de Gwen, qui checke les systèmes airbags .Jp s'occupe des lignes de vie et du ravitaillement sandwiches .
La Restinga est une réserve naturelle remarquable, et ses fonds marins sont exceptionnels . Gwen programme son drone sous-marin pour nous faire profiter des rencontres merveilleuses qu'il a trouvé : Une Raie Manta ( 2m ) et une tortue marine ; il vous réserve prochainement, une vidéo fantastique, comme il sait magnifiquement les faire...Sur ce je file avec mes potes...à l'apéro ! bye bye
Mardi 8 Décembre
Lever tardif, dû ,à une réunion "Brain Storming" la veille au soir...Nous finissons d'inventorier les ; dernières affaires, et Pierre ( l'Electro ) finit également de m'instruire sur l'électricité d'un bateau ; nous finissons notre travail relativement tôt et profitons des derniers rayons de soleil sur La Restinga .
Demain matin : mise à l'eau et premiers tests .
Mercredi 9 Décembre
Lever matinal car nous mettons le bateau à l'eau et il faut tout préparer avant que le "lift" lève l'embarcation ; montage de l'aileron et du safran, et nous nous mettons tous à la manoeuvre, Jp et Pierre tiennent les bouts depuis le quai et j'embarque avec Gwen . Plus de deux heures seront nécessaires pour réaliser cette opération quelque peu stressante , mais ça y est on est à l'eau, les choses se précisent, la tension est nettement palpable.
Jeudi 10 Décembre
Journée qui ressemble aux autres dans la préparation, avec au programme la pose des Avirons ( trois paires ), encore et encore du rangement et tests du dessalinisateur ...Qui marche, ouf !
Les copains me laissent prendre du temps pour moi, me permettant de consulter les messages de soutien, et aussi de me concentrer sur les deux mois à venir...Avec un départ ce week-end, la pression monte et les premières insomnies font leur apparition...Je vous laisse imaginer !
Vendredi 11 Décembre
Après 10 jours de vent fort, Eole décide aujourd'hui, de nous laisser le temps de faire une virée en mer ; 3 heures dans une mer peu formée, mais suffisante pour nous remuer un peu ; bref, beau temps belle mer , grâce à nos amis pêcheurs de La Restinga : Franc ! Mille mercis à lui !
Surveillez les publications de Gwen et Jp Habold, on vous réserve des surprises...A demain !
Samedi 12 Décembre
Veille du départ, programmé demain midi, j'effectue en compagnie de Pierre Jolli, les dernières retouches et je prend du bon temps, café chez les uns, blagottes avec les autres... eT au niveau du moral ? et bien ça va ; dernière soirée calme entre amis et retour au dodo pour tenter de me faire une bonne nuit...
Dimanche 13/12/2020
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Le 1er jour du reste de ma traversée.
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Que d’émotions ressenties en cette journée qui marque le début de cette extraordinaire aventure qui a débuté il y a un an déjà. Heureux & soulagé de prendre ce départ qui va m’emmener au-delà de tout ce que je connais jusqu’à présent ; se confronter à une solitude qui pourrait faire passer un confinement pour une aimable farce. Se surpasser face aux éléments et à soi-même.
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Merci à toutes les personnes qui me permettent et me donnent les moyens de vivre ce rêve éveillé. Merci pour vos soutiens moraux, humains, techniques, financiers, matériels. Merci encore pour ces encouragements via tous vos commentaires parus et/ou à venir sur les sites et réseaux sociaux "d’hiver et variés". Ca réchauffe le cœur & l’âme.
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Aujourd’hui, départ de « La Restinga » 13h (heure française) Coordonnées GPS Longitude : -17°58’,002 W Latitude : 27°37’,998 N ; La météo du jour m’a enfin permis de débuter ce défi un peu fou qui va me faire passer par toutes les couleurs de l’arc en ciel. J’’attaque ma première nuit, à l’horizon, l’immensité de la grande bleue…qui devient noire. C’est parti pour environ un million de coups de rame. ;-) Le bateau avance bien, cap au Sud, direction La Martinique avec les dauphins comme compagnie !
@ suivre..
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Lundi 14/12/2020
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Le 2eme jour du reste de ma traversée.
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Bon ben voilà, nous y sommes ! Je viens de vivre mes premières 24h en solitaire. Les premières d’une longue série. Les dernières soirées passées au bar principal « Le Central » à vider des canas avec les copains restés à terre, me paraissent presque lointaines. Enfin, il faut voir le bon côté des choses, plus que 4700 kms et j’y suis.
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Plus sérieusement cette journée me permet de prendre mes marques sur le bateau en mode grandeur nature ; dormir, ramer, manger, ramer, se laver, ramer, m’orienter, ramer, ramer, ramer.. Bref, ce que je suis venu chercher dans ce défi, maintenant à moi de prendre possession de cette embarcation insubmersible qui va devenir une seconde peau, afin de mieux accomplir toutes les taches du quotidien.
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J’ai bien avancé et depuis mon départ, j’ai embarqué Eole, Dieu du Vent, qui devrait faire partie de mon équipage jusqu’à mercredi. Cela fait belle lurette que la Terre a disparu de tout horizon ; à ce sujet, si vous voulez suivre en direct le déplacement du bateau, click & collect ci-dessous :
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https://api.whatusea.com/embed/d73eaddcdce0cbefed7946202567edee
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Je continue à me laisser porter par les courants, sans oublier de ramer toutefois, histoire de m’entretenir. Je vais peut-être m’écouter un peu de musique « il est libre max, il est libre Max, y en a même qui disent qu’ils l’ont vu ramer ! »
@ suivre...
Mardi 15/12/2020
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Le 3eme jour du reste de ma traversée.
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Les nouvelles du jour ne sont pas au top ; un vilain mal de mer ne me permet pas de manger & dormir comme je le voudrais et ça, je vous l’avoue, ce n’est pas idéal pour démarrer cette aventure.
De plus, depuis quelques heures, des galères avec mes appareils de télécommunication créent des petits soucis de connexion qui ne me permettent pas de pouvoir communiquer comme je le souhaiterai. En particulier pour recevoir ou envoyer des mails ou sms, ce qui est fâcheux lorsque l’on est embarqué dans une transat Atlantiques en solitaire. C’est dans ces moment-là, que je pense fort à ma compagne, ma fille, ma mère, ma famille…
Côté navigation, les conditions sur le terrain de jeu sont correctes avec une houle dont les hauteurs oscillent aux alentours des 3m selon les heures de la journée. Le bateau avance bien. Ça tire fort sur les avirons. Je garde le cap avec plus de 60 milles marins déjà parcourus.
Comme dirait Frédéric Dard « dans la Vie, on est toujours seul : l’important est de savoir avec qui ! »
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@ suivre..
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Mercredi 16/12/2020
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Le 4eme jour du reste de ma traversée.
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Au petit matin, je prends conscience que je « m’amarine », doux terme qui me fait penser que je commence à devenir un Homme des Mers. J’ai effectué une belle progression, plus de 97 milles marins depuis La Restinga, avec une moyenne honorable de 2.24 nœuds sur ces 10 dernières heures, cap au 207. Je poursuis le voyage intérieur d’un homme mû par la seule force de ses rêves.
Dame météo m’offre un vent de Nord 14/16 Nds avec des rafales à 20 kms/heure. La houle, ce mouvement ondulatoire à la surface de l’eau, créée par ce vent, elle, est de 2 mètres. Le courant N 0.5 Nds qui va s’orienter d’ici quelques jours devrait me permettre de mettre un peu plus d’ouest dans mon cap. Et être à l’ouest ça me connaît !
Jusqu’ici, tout va bien, l’eau est la même des deux côtés du bateau.
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@ suivre..
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Jeudi 17/12/2020
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Le 5eme jour du reste de ma traversée.
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J’avance convenablement, 35 milles soit un peu plus de 64 kms parcourus ces dernières 24h. Je profite de vents Nordet de 10/12 Nœuds avec des pointes jusqu’à 21 Nœuds soit un peu moins de 39 kms par heure ; la houle est de 2.5 mètres ; le tout dans un petit courant faible.
Les contacts réguliers que je prends avec mon routeur m’ont rassuré sur le cap à tenir, il m’a donné les points GPS et je lui ai donné la bise, ce qui est un très bon échange de procédés.
Depuis que je suis au large, je me sens à l’étroit dans cette embarcation dans laquelle, je me tortille, me faufile, rampe, remue, et me balance au gré de l’Océan, dans ces cas là, je m'accroche aux rames.
C’est tout pour aujourd’hui, laster arte !
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Vendredi 18/12/2020
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Le 6eme jour du reste de ma traversée.
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Oh Nivelle, ma Nivelle que tu me sembles loin, il va m’en falloir des coups de manivelles pour te revoir ma belle. En attendant, je rame à ton opposée et les courants que je croise me nivellent. Oh, ma Nivelle ! Ramer sur ton cours et ramer au long sur ces flots océaniques, est tout à fait différent, c’est une autre paire de Manche. Je le savais et je m’y étais préparé physiquement et mentalement, merci à mes coaches et préparateurs, vive la kinésithérapie!
Je peux vous le dire, maintenant, depuis mon départ j’ai pris cher ; comme vous avez pu le voir sur les cartes, très rapidement j’ai dérivé lentement au sud puis obliqué violemment vers l’ouest, la mer croisée m’a offert un tabassage en règle, risque de chavirage dans une deuxième nuit de dingue. Cet épisode m’a provoqué un léger mal de mer, entre dimanche & mardi, j’ai avalé 1 banane & 2 oranges, mais depuis tout est rentré dans l’ordre.
Pas évident dans ces conditions de régler le bateau, galère de galérien quand tu nous tiens…mais n’oublions pas, je m’amarine tous les jours un peu plus ;-) .
Météo du jour, vent de NE d’une douzaine de Nds avec des rafales poussant jusqu’à 17/18 nœuds, une houle d’environ 2 à 3m. D’ici dimanche, le vent devrait se renforcer un tantinet & virer à l’est. Cap au 260°.
Allez, je vais ramer un peu, pour oublier mon retard sur le prévisionnel. Demain est un autre jour.
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Samedi 19/12/2020
Le 7eme jour du reste de ma traversée.
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Aujourd’hui samedi, c’est relâche, j’ai ramé 20mns, et puis marre, aski. Une vilaine migraine vient en rajouter. De toute manière, le bateau avance entre 1.4 & 1.6 nœuds, pourquoi je m’emmerderai à ramer ?
Malgré une météo tristounette, il commence à faire chaud, autour de moi le bateau est un cloaque, j’ai connu des égouts plus propres. La conséquence d’un état de santé physique & mental défaillant rencontré au long de ces deux derniers jours difficiles.
En attendant, je me languis de choper les alizés, pour vraiment avoir la sensation d’avancer. La houle du jour me berce du haut de ses 3m, sacré hamac !
Dicton du soir : « faire des ronds dans l’eau ne signifie pas gagner sa vie en mer.»
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Dimanche 20/12/2020
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Le 8eme jour du reste de ma traversée.
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Cette journée dominicale me redonne du baume au cœur, Alléluia, elle me permet de boucler ma première semaine en solitaire. Le bateau avance tranquillement, je n’ai ramé que deux petites heures, le tout par un temps très chaud.
Du coup, je ne me dépense pas suffisamment, et le fait de ne pas être fatigué m’occasionne de longues nuits agitées avec une migraine qui s’est invitée. Après le mal de mer, le mal de tête.
Ma position du jour, m’a fait parcourir plus de 244.6 milles soit 453 kms depuis mon départ ; pour le moment, je bénéficie d’un vent plein Est de 18 nœuds qui favorise ma progression avec des coups de vents au-dessus des 25 nds qui forme une mer de plus de 3m. Je me dois d’être vigilant quant à mon cap et faire route vers le Sud ou les vents à partir de mercredi vont virer, puis plein Est dès vendredi soir. Sympa comme kdo de Noel !
Aucun dos de baleines à caresser, c’est assez pour aujourd’hui.
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Lundi 21/12/2020
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Le 9eme jour du reste de ma traversée.
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Lundi, première journée de la semaine qui succède au dimanche. A vrai dire pour moi tous les jours se ressemblent, ‘lundi, des avirons, mardi, des avirons, mercredi, des avirons, jeudi, etc.., et dimanche, des avirons aussi’ ; ça marche aussi avec les patates... On connaît la chanson. D’après les calculs, un peu plus de dix pour cent des 4700kms effectués et là, ça met la patate. Précisément, 283.3 milles nautiques, 524 kms.
Cap au 258° avec un vent d’Est de 33 km/h à plus de 46 km/h qui me pousse toujours un peu trop à l’ouest à mon goût. L’océan est plus clément qu’hier et ces conditions devraient rester à peu près identiques jusqu’à après-demain, ou les vents devraient ensuite virer sud.
Tiens, je vais aller un peu m’allonger, prendre un bouquin et me laisser bercer dans mon King Size. Peut-être faire un peu de ménage…
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Mardi 22/12/2020
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Le 10eme jour du reste de ma traversée.
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Oyé, oyé braves terrestres, grande nouvelle et grande première, hier soir (dimanche soir pour vous), j’ai effectué ma première tentative de rame en nocturne, avec de bonnes conditions, c.-à-d. sans déferlantes qui habituellement, m’arrosent de manière tonique. C’est cool, désormais, je m’y remets tous les soirs.
L’avantage, pas de soleil dans les yeux, seule la lune comme compagnie ; ramer de nuit en solitaire sur le grand bleu, cette vaste étendue d’eau salée, est une sacré expérience les amis !
Côté météo, pas de changement, les vents devraient m’être défavorables jusqu’à samedi inclus. La température avoisine les 21/22°, la vie est belle.
Je n’ai toujours pas croisé le Père Noël mais je ne désespère pas.
@ suivre..
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Mercredi 23/12/2020
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Le 11eme jour du reste de ma traversée.
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Les news du front sont identiques depuis lundi ou je me suis décidé de ramer la nuit. Quel pied, c’est génial de passer ce temps sous la voute céleste qui est un véritable bijou et qui mentalement, rend mes nuits moins pénibles.
De moins en moins de vent au niveau navigation, et là en scrutant les chiffres de mes GPS se déroulant à petite allure, je n’ai pas le cœur à compter les jours. Quant aux alizés, qui reste néanmoins un joli prénom, je les attends encore… Les consignes de J.P, mon routeur sont de descendre, je m’y efforce mais ce n’est pas gagné.
Je commence à m’alimenter « normalement », et puise donc dans mes réserves accumulées ; dans mon économat, du lyophilisé mais aussi de bons petits plats de chez nous, sans oublier des bouteilles que je ne jetterai pas à la mer avant de les avoir bues.
Je viens de croiser une barque habillée d’un sapin, le père noël ne doit plus être très loin.
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@ suivre….
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Jeudi 24/12/2020
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Le 12eme jour du reste de ma traversée.
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Ding dang dong, cher papa Noël, j'ai commencé cette journée dans la bonne humeur, sept heures de rame pour revenir vers le sud, avec des fractionnements me permettant de m’alimenter, de boire, mais surtout de me reposer afin de prendre soin de mon corps meurtri par ces douze derniers jours. Il faut que je sois en forme en ce réveillon solitaire; au menu, des plats terroirs que je vais déguster entre moi. Entre-temps moment de ménage à blanc dans cette pétole; Carpe Diem.
Côté navigation, tout le gain amassé dans la journée fut gâché par ma dernière nuit qui fut blanche & cauchemardesque et ce matin, malgré la pluie et le froid, les dieux marins m’accordent un peu de repos. Dans les deux prochains jours, le vent va tourner, les consignes sont de lâcher prise. Alors, patience, comme dit l’adage « à un moment le vent tourne »
Je viens enfin de croiser le père Noel ; Bon réveillon 2020, je vous embrasse.
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@ suivre…
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Vendredi 25/12/2020
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Le 13eme jour du reste de ma traversée.
Je suis dépité, ce ne sont pas les nouvelles que j’aurai aimé vous annoncer en ce jour de Noël mais Eole & Neptune me jouent des tours, me faisant faire des ronds dans l’eau. Ce 13eme jour pourrait sembler ne pas me porter chance, mais heureusement, je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur 😉
Pour le moment, les éléments me poussent vers le Nord, et me font reculer par rapport à ma route initiale ! J’apprends la patience. Cet épisode me ‘bouffe’ deux jours au bas mot, indigestion assurée pour tout marin. Alors je file irrémédiablement vers le Nord sans avoir de parade, et toutes les paires d’heures, j’attends comme me l’a annoncé mon routeur chéri (il se reconnaitra), que le zef veuille bien m’emmener ailleurs. L’ami Wendy ne m’annonce rien de bon avec des vents défavorables jusqu’à jeudi 31/12/2020.
A priori, et tout du moins, je l’espère, je vais plus ou moins revenir vers là ou j’étais…il y a quatre jours de cela.
Hey, là ou le vent nous mènera, Je t’emmène là où le vent nous mènera
Je t’emmène là où le vent nous mènera, là où le vent nous mènera, là où le vent nous mènera
Et je tourne en rond je me perds, le syndrome de t’aimer me dévore
Et je tourne en rond je me perds, oui je t’emmène.
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« C’est Noël, il est grand temps de rallumer les étoiles » ; Allez Joyeux Noël, Félix !
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@ suivre..
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Samedi 26/12/2020
Le 14eme jour du reste de ma traversée.
Salut, force est de constater que le papa Noël n’aura pas été très sympa, on ne peut pas dire qu’il m’a fait un super cadeau. J’ai réussi à ramener le bateau sur la position du jour…7, retour à la case départ. Je vous laisse imaginer mon désarroi au petit matin, j’aurai ‘jardiné’ une semaine, pour RIEN !
Alors, quand les « je sais tout » me disent : « y a qu’à suivre les alizés » ; je réponds « à la voile éventuellement, mais à la rame ? » Les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs, peut être certains ne se sont jamais risqués à venir se confronter à cet environnement fait d’éléments qui ne sont pas forcément maitrisables. Moi, j’y suis en plein dedans, et je ne peux absolument rien faire pour le moment ; j’ai tenté de contrer Eole durant deux heures avant de me rendre à l’évidence et d’abdiquer, je ne suis qu’un humain. La réalité est que je subis cette météo.
Et ce matin, je pleure toutes les larmes de l’océan, attendant ce vent bénéfique qui me pousserait vers la Martinique, et qui ne vient toujours pas…Vivement début 2021 durant lequel la météo me serait plus favorable ! Inch’ Allah comme l’on dit chez nous.
@ suivre..
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Dimanche 27/12/2020
Le 15eme jour du reste de ma traversée.
Après une nuit calme, j’ai consenti à me laisser dériver sans m’abandonner totalement au sommeil. J’ai malgré tout, ramé tout au long de la journée pour tenter de revenir vers le sud, en vain. Mais bof, bon an mal an, en attendant je redescends quand même ; et au moins si ce foutu vent de nord/est se pointe, cela sera toujours ça de pris.
Pour le moment, je profite des vents actuels pour piquer vers le sud, attendant de meilleurs auspices pour mettre cap à l’ouest prévu, si tout va bien pour mercredi matin.
Le moral est plutôt à la résignation positive, et tel un robot, j’accomplis automatiquement mes taches et vaque à 2 occupations, ramer et dormir.
Mais dans l’ensemble ça va. Cela fait deux semaines aujourd’hui que je suis parti.
Bon dimanche,
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@ suivre…
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Lundi 28/12/2020
Le 16eme jour du reste de ma traversée.
Superbe journée de rame, avec un 9h / 14h, pause, reprise à 15h30 jusqu’à 16h30 ; pause puis, plein sud, deux heures en bonus de 17h30 à 19h30. Soit 8 heures de rame pour avoir parcouru à peine 10kms. C’est sûr, avec une enclume barrée toute à droite, « ça le fait ».
En attendant, belle mer pour une partie de rame avec en prime la rencontre d’un voilier qui n’est même pas venu me proposer des boissons fraiches, le gougnafier. Et puis en fin de journée, un magnifique requin venu me faire une petite visite. Durant 5 minutes, tu prends vraiment conscience que tu es au bord de l’eau et que sans le débord de la dame de nage, tu pourrais lui servir de sandwich. Alors, 1er réflexe tu te lèves dare- dare, et 2eme réflexe tu te refais le film « les Dents de la Mer », dans lequel on peut entendre cette réplique cultissime : « on aurait dû prendre un bateau plus gros ».
Nuit relax dans une houle nord d’environ deux mètres, car le bateau, à qui je parle régulièrement et qui a la délicatesse de ne pas me contredire, est toujours à l’ancre du vent.
Allez un jour de plus à rayer. Je pense que les 7 derniers jours sont à décompter, on va dire, et ça reste entre nous, qu’on est parti le 21. Vivement que les choses rentrent dans l’ordre, car là j’ai l’impression de ramer dans tous les sens du terme !
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Mardi 29/12/2020
Le 17eme jour du reste de ma traversée.
Rien à signaler en ce 29eme jour de grâce de l’an 2020. Mon bateau-canoë est à l’arrêt quand l’équipage ne sort pas les avirons ; cependant j’ai la chance que le cap sud soit tenu. Quelques signes de tension apparaissent et le moindre souffle d’air me paraitrait être un soulagement. Mais Eole m’a délaissé durant ces dernières 24 heures et je crains que demain ne soit pareil.
Pas de changement de météo présent et à venir… Alors, au moment où j’écris ces lignes, je profite du courant d’Est à 0.5 nœuds et du faible vent de nord/ouest pour descendre direction sud/ouest. Je ne risque pas de me faire flasher pour excès de vitesse.
Cela dit, je vous envoie un cliché pris ce matin, c’est cadeau, pour vous faire vivre en direct l’horizon qui est le mien, pas mal, non ? C’est presque aussi beau que le Pays Basque ! 😉
Ne me manque plus qu’un peu de vent et, ce sera le bonheur.
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@ suivre..
Mercredi 30/12/2020
Le 18eme jour du reste de ma traversée.
Hier, en fin d’après-midi, je me suis enfin trouvé à proximité de passer sous le 24e parallèle, cap psychologique s’il en est. Mais en face de moi, une rue de nuages se profile à l’horizon avec de belles trainées de vent en altitude qui balayaient mon environnement d’Est en Ouest, étais-ce un présage ?
Quoi qu’il en soit, J.P, mon routeur adoré, il vaut mieux que je le chérisse car il a quand même un bout de ma vie entre ses mains savantes, m’a demandé de choper le WP à 23 degrés 48’, puis m’a incité à chercher le WP suivant, plus vers le Sud/Ouest. Le « WP » ou « Way Point » terme anglais qui se traduit par le Point de Cheminement, est le point géographique défini par une latitude & une longitude.
Alors, j’ai tiré cette nuit vers le WP10 attendant de voir ou cela me mènerait ; j’ai croisé les doigts de pieds, oui car croiser les doigts des mains c’est plus compliqué pour tenir et tirer sur les deux bouts de bois mort qui me servent de rames.
Et, aujourd’hui je vogue sur une route orthodromique, c’est-à-dire le chemin le plus court pour rejoindre ma destination finale. Belle journée de descente pour aller chercher ce vent qui au fur et à mesure de mon avancée n’est toujours pas là. Je remets donc ma casquette de galérien volontaire, et m’accroche aux avirons pour tenter de rejoindre mon autoroute maritime. Toujours pas d’alizés en cet avant dernier jour de l’année.
Au programme du jour, rame non/stop de 8h30 à 13h & de 13h45 à 15h30, pour des nèfles !!! Car, dès que je stoppe mon effort, je remonte pleine balle vers le nord, fantastique ! Malgré l’ancre flottante, tout le gain amassé est remis sur le tapis de jeu. Allez, un jour de perdu, je commence à me déplumer.
Hisse et Oh !
@ suivre..
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Jeudi 31/12/2020
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Le 19eme jour du reste de ma traversée.
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En direct de ‘Radio Océan’, c’est le capitaine Limace qui vous parle. La journée d’hier a été de nouveau enrageante, et devrait rester dans les annales océanes au niveau des kilomètres parcourus. Plus de 10h de rame pour enfin arriver vers 22h30 au point de cheminement prévu par J.P avec la ferme intention de ramer une heure sur deux tout au long de la nuit. La réalité m’a rattrapée, et dame fatigue m’a imposé d’aller dormir durant cette nuit pendant laquelle les courants m’ont fait reculer de 10 bornes !!!
Alors à l’ordre du jour, je remets le métier, toujours et encore, espérant que les conditions météorologiques soient avec moi car je me dois de sortir de cette zone pourrie. De plus, visiblement, les conditions sur le plan d’eau ne sont pas les mêmes que sur notre logiciel ‘Wendy’, ce qui est fâcheux. Vivement demain que l’on en finisse avec cette année.
Un banc de dauphins est venu me saluer autour du bateau, me faisant une danse aquatique du plus bel effet. En revanche, toujours aucunes sirènes aux alentours.
Je terminerai par cette citation de J.F.K : « l’important n’est pas d’avoir beaucoup d’années dans sa Vie, mais de mettre beaucoup de Vie dans ses années »
Voili, voilou, prenez soin de vous et de vos proches et à l’année prochaine si tout va bien ! Pour passer ce cap temporel, il y a de fortes chances que je déguste une des bonnes bouteilles embarquées en m’écoutant un peu de musique.
Oh mon bateau
Tu es le plus beau des bateaux,
Et tu me guides sur les flots
Vers ce qu'il y a de plus beau,
Tu es le plus beau des bateaux !
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@ suivre..
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Vendredi 01/01/2021
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Le 20eme jour du reste de ma traversée.
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Nouvel An, nouvel élan. La prudence de par l’époque que nous traversons devrait me conseiller de d’abord vous souhaiter un bon mois de janvier, puis de procéder mois par mois. Mais la prudence n’étant pas mon fort, je me lance et vous souhaite une année pleine de joie mais aussi de réussite, de délices, de bonne humeur, de volupté, de tendresse, de douceur, d’euphorie, de câlins, d’amour, d’extases, de projets, de rigolade, de désirs, de plaisirs, d’entente, de partage, de veine, de paix, de ravissement, de jubilation, de santé, de rêve, de jouissance, d’allégresse, d’ardeur, de patience, d’affection & d’aubaine.
Mais aussi pour ma gouverne, de bons vents, d’embruns, d’alizés favorables, d’une douce houle et de soleil sur cet océan qui m’entraine au gré de ses humeurs. Au moment précis ou j’écris ces lignes, je fais cap vers l’Ouest avec une petite vitesse inférieure à 1 nœud. Mes derniers relevés m’indiquent 480 milles au compteur, soit un peu plus de 772 kms de parcourus.
Plus que 365 fois à dormir et nous serons dans un an.
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@ suivre..
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Samedi 02/01/2021
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Le 21eme jour du reste de ma traversée.
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Bon hé bien, chaque jour ressemble furieusement aux autres, je ne vous fais pas un dessin. Les conditions météorologiques ne me sont pas favorables depuis plus d’une semaine. Je suis assujetti aux éléments qui m’entourent, à cette toute puissance de la nature qui me fait prendre conscience que je ne suis rien, ou pas grand-chose.
A travers l’extraordinaire aventure que je traverse, je peux dire que j’ai vraiment quitté mon monde pour en découvrir un autre. Alors je me découvre, j’apprends à me connaître. Je ne serai plus jamais le même homme. Il y aura un avant et un après, c’est indéniable ; mais comment pourrait-il en être autrement ?
Comme déjà dit, petit papa noël n’a pas été très cool avec moi ; dans sa hotte il m’a apporté un drôle de jeu, alors j’ai joué. Je rappelle que nous sommes tous des enfants…il n’y a que le prix des jouets qui changent. Durant la première semaine, je suis resté dans les consignes prescrites, mais ensuite, pour des raisons qui m’échappent encore, je n’ai pas respecté la règle du plus au Sud, donc passage par la case prison, je passe mon tour, passe à la caisse et paye cash avec une boucle rallonge de 60 kms. Cet épisode passé, j’ai pu reprendre le cours de la partie mais au bout de …7 jours.
Dans la vie, on ne perd pas ; dans la vie soit l’on gagne, soit l’on apprend. Depuis mon départ, j’apprends. Je me dois de lâcher prise, de m’adapter à ce jeu grandeur Nature.
Actuellement je rencontre des vents de Sud/Est accompagnés de rafales poussant jusqu’à 20 nœuds (+37kms/h), ce qui n’est pas top pour une embarcation telle que la mienne. Je fais un peu d’ouest malgré tout, ce qui n’est pas trop mal, la mauvaise nouvelle vient du vent qui doit virer plein sud dans les prochaines heures.
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Dimanche 03/01/2021
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Le 22eme jour du reste de ma traversée.
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L’Aventure dans laquelle je me suis engagé, me conduit à vivre des moments exceptionnels, tous plus enrichissants les uns que les autres. Et cela bouscule mes repères acquis durant ma vie jusqu’à aujourd’hui. Après des heures & des heures à ramer, seul depuis 3 semaines, je suis en pleine lévitation, concentré sur mon objectif qui est de relier les Canaries à la Martinique, de passer d’une île à l’autre, je ne lâcherai rien. Je ne reviendrai pas sur la météo capricieuse qui me ballotte allègrement aux quatre points cardinaux. L’angoisse de chavirer est omniprésente, ce qui ne manque pas de sel.
Depuis hier midi, j'avais senti que tout ce que je gagnais vers le sud... m'était annulé dès que j'arrêtai mes efforts, me donnant l'horrible sensation que ce vent Est/Sud/Est était en train de passer ! Cette impression m’est confirmée par J.p, je remonte sans rien pouvoir faire durant les trois prochaines journées, mauvaise pioche !!!!!
Néanmoins, en m’accrochant aux avirons, j’arrive à ralentir la remontée vers le Nord due à ces courants et à ces vents pas du tout sympathiques. Mais je ne perds pas espoir, les alizés vont bien finir par arriver ! Comme disait l’autre : « si tu n’as pas le courage de le faire, fais le sans courage, mais fais-le »
Bon 1er dimanche de cette nouvelle année à toutezétous !
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Lundi 04/01/2021
Le 23eme jour du reste de ma traversée.
A l’Ouest, rien de nouveau, pas de scoop à annoncer, bref, rien de bien terrible pour le galérien que je suis. La météo ? Quelle météo, non pas envie de m’étendre sur le sujet. Non je préfère m’étendre sur mon sofa, bouquiner et me laisser porter, à vaguer, à divaguer, et à progresser côté patience.
La météo est récalcitrante, quelle météo ? Il va me falloir être patient, c’est une des grandes qualités que l’on prête aux marins ;-) Alors, j’en profite pour bien m’alimenter, m’hydrater, faire un brin de toilette, oui l’on ne sait jamais au cas où je croiserai un ban de sirènes. Une vie de marin solitaire qui s’amarine au gré des flots.
Si je me penche sur la carte du jour, je constate que la distance qui me sépare de ma position actuelle à mon point d’arrivée est conséquente. Précisément, encore 4066.992 kms à parcourir, une plaisanterie.
La meilleure façon de gagner du temps est de le perdre – sic Marguerite Duras.
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Mardi 05/01/2021
Le 24eme jour du reste de ma traversée.
Depuis dimanche après-midi, pour cause de gros temps, j’ai été confiné (élu mot de l’année passée) dans l’habitacle. Je suis toujours et encore, dans l’attente de ce changement de vent. Au programme donc, comme déjà dit lors de mes post précédents, lecture, écriture, musique, ménage, et occupations diverses…
Avant la dépression devant m’annoncer ce vent inespéré, la météo est au temps calme. Pour autant, impossible de ramer à contre, alors sans aucun autre choix possible, je me laisse dériver. Au vue de mon cap actuel, je me demande si je ne vais pas aller ‘kiter’ du côté du Maroc. Plus sérieusement, il va me falloir encore patienter jusqu’à jeudi/vendredi pour enfin bénéficier de conditions favorables pour faire cap vers les Antilles !
Je profite des U.V pour peaufiner mon bronzage et accumule de la bonne vitamine D, cette substance vitale plus connue sous le nom de « vitamine du soleil ». Je devrais ainsi revenir chez moi, tout beau, tout musclé, tout bronzé, bref, un nouvel Homme ;-)
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Mercredi 06/01/2021
Le 25eme jour du reste de ma traversée.
Aujourd’hui pas de changements flagrants. Autour de moi, l’immensité de cette mare océanique ; devant moi, rien à l’horizon, à ma droite & à ma gauche…rien non plus. De par ma position de rameur, c.à.d dos à mon objectif final, je n’ose me retourner car je crains que l’horizon soit également infini. Oui je suis seul au monde, ou tout du moins seul dans mon monde. L’Atlantique est vaste en général et en particulier lorsque l’on est embarqué en solitaire sur un bateau de 8 mètres. Et l’on se sent telle une goutte d’eau dans l’océan. Ca calme. Ca forge l’humilité, oui oui.
Alors, je continue de subir et compte sur mon ancre flottante et traînard pour éviter de trop dériver vers le N-E et faire escale sur les côtes…africaines. Autour de moi, à perte de vue, l’immensité immense.
Excellente journée hivernale à toutes & tous, je crois avoir compris que l’hiver s’était donné rdv sur nos belles montagnes bask.
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Jeudi 07/01/2021
Le 26eme jour du reste de ma traversée.
Ami-es du soir, bonsoir. Presque une semaine sans pouvoir ramer, en me faisant allégrement trimballer, ballotter, agiter en tous sens au Nord puis à l’Ouest. La mer est moche, vraiment moche et pour le moment impossible de sortir sans prendre de gros risques. Il pleut des seaux d’eau, averses sur averses et l’attente d’alizés commence à sérieusement entamer mon système nerveux. Annoncés depuis hier, puis cette nuit et toujours nada ! A ce stade cela ne devrait pas se nommer ‘Alizé’ mais ‘Désiré’. Calmes toi Jean Marc, tout va bien, cela pourrait être pire, il pourrait pleuvoir.
Un peu de musique, ça adoucit les mœurs.
Dès que le vent soufflera
Je repartira
Dès que les vents tourneront
Nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi, la mer, elle m'a pris
Au dépourvu, tant pis
J'ai eu si mal au cœur
Sur la mer en furie
Que j'ai vomi mon quatre heures
Et mon minuit aussi
J'me suis cogné partout
J'ai dormi dans des draps mouillés
Ça m'a coûté des sous
C'est d'la plaisance, c'est le pied
Dès que le vent…
Merci Mister Renard.
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Vendredi 08/01/2021
Le 27eme jour du reste de ma traversée.
Je revis le film ‘le salaire de la peur’ version marine, Clouzot sors de ce corps. Certes mon univers n’est pas celui de l’univers du film qui est écrasé de chaleur et où règnent misère, corruption et ennui ; mais je pourrais dire que j’ai connu la peur. Par contre comme dans le film, mes épreuves se succèdent, la route océanique, cette piste sommaire que le vent ride en « tôle ondulée » teste mes résistances. Je suis bien conscient que je ne contrôle pas tout et que la situation peut m’échapper à tout moment. Nuit et journée comme je ne souhaite plus en revoir ! C’est décidé, je n’achèterai jamais de voilier.
Dernière journée prévue de remontée avant d’attaquer un des nombreux points de départ. Après une virée vers l’Ouest, début de la descente, Yeaah l’adrénaline ! Au menu, vents à 45 km/h et montagnes d’eau, bref, si tu n’as pas connu la Peur et bien moi OUI ! Le vent pour le moment est de secteur Nord assez puissant et devrait s’orienter NE dès demain, de manière toujours soutenue. La mer est au moins aussi forte que moche mais le courant de secteur Est devrait m’aider à progresser vers le Sud, à une vitesse pépère de 1 nœud, mais dans la bonne… direction. 600 milles de parcourus, 1111 kms.
Vivement demain, je vais peut-être entrevoir l’échangeur de l’autoroute. Les choses sérieuses reviennent.
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Samedi 09/01/2021
Le 28eme jour du reste de ma traversée.
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J’ai chopé l’échangeur de l’autoroute du Sud mais des travaux de voiries ne me permettent pas encore de voguer à vive allure !!!
Enfin ça va. Malgré une mer démontée façon meccano, encore vicieuse et mordante qui rend toute tentative de sortie extrêmement dangereuse, ça va. Je m’y suis osé et je me suis mis un brin à l’épaule en me faisant projeter contre un montant du bateau, ce qui m’invite à me mettre à l’abri !
Je glande allongé dans mon sofa, attendant que cette journée se passe ; direction vers le Sud pour n’être pas trop mal positionné lorsque le vent va venir de l’Est pour mieux m’accompagner dans l’Ouest vers le soleil des Petites Antilles. Pour l’instant, je me laisse descendre dans le Sud avec des rafales à plus de 30 nœuds (+55km/h) dans une mer chaotique faite de creux de 3 mètres et une houle désordonnée. Ca twiste.
Je suis enfin dans la bonne direction. Vous savez comme je déteste échouer. ;-)
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Dimanche 10/01/2021
Le 29eme jour du reste de ma traversée.
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Ma descente vers le Sud avec un tabassage en règle me confirme que la vie de rameur solitaire n’est pas un long fleuve tranquille. Grosse nuit d’enfer avec trouille au ventre ; comment pourrait–il en être autrement avec ces conditions météorologiques plutôt musclées? J’ai comme l’impression que mon vaisseau spatial a traversé un champ de météorites !
Alors, depuis plus de dix jours, je ronge mon frein, enfermé la majeure partie du temps dans ma cabine de 2 M2 ; l’ambiance y est glauque avec une énorme condensation, tout est humide et moite. A plusieurs reprises, je me suis vu chavirer, mais que nenni le bateau réagit bien. Je sors les avirons dès que les conditions me le permettent.
Eole, ce farceur, a décidé de me bouger un tantinet avec de gros vents soufflant néanmoins dans le bon sens. Ces vents portants me font surfer sur une mer de N/E avec des creux de 3 à 4 mètres. Rafales à plus de 35 nœuds.
Pour le moment, il va me falloir être vigilant à ne pas faire trop d’Ouest, pour tenter de descendre le plus possible au sud et m’efforcer de prendre le prochain TGV alizéen. Je poursuis ma route.
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Lundi 11/01/2021
Le 30eme jour du reste de ma traversée.
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Je ne connais pas dans le détail les conditions sanitaires auxquelles vous êtes soumis actuellement, mais pour ma part, j’attaque ma deuxième semaine de confinement, bloqué dans mon réduit. Mon environnement est trempé de condensation, je vous laisse imaginer la senteur.
A part une ou deux sorties très hasardeuses tentées ici et là, je reste prudemment dans ma cabine, espérant passer dans les 24 prochaines heures. Le méridien 20 me prouvant le début de la tirée vers l’Ouest.
L’océan est toujours aussi chaotique mais le vent me pousse dans la bonne direction à une vitesse de 1.82 nœuds de moyenne. En principe, l’alizé est bien là, au moins jusqu’au mercredi 20 janvier ; J’ai parcouru 720 milles depuis mon départ, et je ne suis pourtant qu’à 435 milles, soit 805 kms des iles Canaries. D’après mon prévisionnel j’aurai du beaucoup plus progresser… Heureusement Eole se décide enfin à être clément avec ma petite personne et les portes de l’Ouest se sont enfin ouvertes.
Cette traversée maritime en solitaire dans laquelle je suis engagé ne me permet aucun relâchement et me renvoie à l’essentiel, un Homme, une embarcation, l’immensité de l’Océan Atlantique. Tout un programme !
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Mardi 12/01/2021
Le 31eme jour du reste de ma traversée.
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Hello, et l’eau ! Ce mardi reste une journée identique aux dernières avec la satisfaction de tirer au Sud. J’ai rectifié par rapport aux méridiens, et il me tarde maintenant de passer le 25 degré Ouest, et de passer le 20 degré Sud sur la latitude ; je devrais y être d’ici 48h si tout va bien.
A part ça, je me porte bien, j’ai enfin réussi à mettre le nez dehors. L’accalmie météorologique va me permettre d’aérer la cabine, ce qui ne s’était pas produit depuis six jours…ça commençait à sentir le fauve là-dedans !
Je vous communique la conversation tenue avec mon routeur : « Salut camarade, ok ce matin j’ai viré le trainard ; ça va plus vite. Mer encore un peu hard mais j’ai gagné facilement 0.4kn* voire plus, je suis à l’heure actuelle entre 1.6 et 2.1 nœuds. Ok pour consigne pas plus de 240 en cap…En ce moment je suis pile sur l’axe nouveau WP17. Pour le trainard, ça trainait trop ;-). Il vient d’y avoir une salope de déferlante, elle vient de tremper tout ce qui séchait dehors, grrrrrr ! »
Ces dernières 24h, 69 kms de parcourus.
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* Le nœud (symbole kn, kt ou nd) est une unité de mesure de la vitesse utilisée en navigation maritime & aérienne.
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Mercredi 13/01/2021
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Le 32eme jour du reste de ma traversée.
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Un mois jour pour jour aujourd’hui que j’ai débuté cette folle odyssée, et je peux vous confier que j’ai connu des bilans plus glorieux. Quand je fais les comptes, sur 30 jours, seuls 16 ont été productifs dont les 10 premiers en mode plaisir. Pour cause d’intempéries et de vents contraires les semaines de Noel & du jour de l’An ont été des plus catastrophiques.
Et jusqu’à aujourd’hui, j’ai pris rouste sur rouste, volée de coups sur volée de coups avec un incident survenu hier, qui aurait pu me coûter très cher ; je suis passé près de la correctionnelle. Il m’a semblé entrevoir la grande faucheuse, toute habillée de noir qui souhaitait venir me rendre visite, je l’ai gentiment invité à quitter le bateau lui expliquant qu’il n’y avait pas suffisamment de place pour deux. Quand il s’agit d’une question de vie ou de mort, il faut savoir jouer serré.
Au moment où vous lisez ces lignes, je devrais continuer de filer vers le Sud et bien non, je pars à l’Ouest ! Bref, je continue à perfectionner mes compétences niveau patience ! Restons zen : « aum… »
Pour information, J.P mon routeur de compétition a été contacté ce jour ; dring-dring... dring-dring... :
« Allo bateau rien que du bonheur, ici le Cross Gris-Nez MRCC (Centre Régional Opérationnel de Surveillance & de Sauvetage), vous avez une bonne pharmacie à bord ? »... petit flottement de la part de JP puis : « bonjour, je suis le routeur de Jean Marc Dupont actuellement en mer par 21°56N & 24°30W, pourquoi m’appelez-vous, il y a un problème ?» Le gars du CROSS, «nous avons un blessé avec une grosse coupure au doigt sur un catamaran, il n’a pas de pharmacie à bord, vous êtes le bateau le plus proche de lui, pouvez-vous nous communiquer son numéro de téléphone iridium de façon à ce qu’on le contacte pour savoir ce qu’il a comme pharmacie à bord ? » Pour le moment nous attendons de savoir ce que l’équipage du catamaran va faire.
Il est permis de dépasser les bornes, à condition toutefois de rester dans les limites – sic Pierre Dac
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Jeudi 14/01/2021
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Le 33eme jour du reste de ma traversée.
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Réveil, je file plein nord et…oh non, le traînard, ce bout qui traine derrière le bateau pour moins taper, est emmêlé dans le gouvernail. Là, tu prends ton gilet, ton harnais, tes deux longes, masque et palmes et tu te jettes à l’eau par une mer formée et une belle houle. Cinq minutes pour dégager le bout, et dix minutes pour remonter à bord. Je me sèche dans le cockpit et là les mains sur la tête, je m’aperçois qu’il y a de l’eau dans un des compartiments ‘batterie’, ça craint. Je démonte, j’assèche et je chronomètre le temps que mets l’eau à revenir.
Là-dessus, un coup de fil du CROSS me demande si j’ai des médicaments bien précis pour soigner un doigt coupé avec grave infection. Ayant répondu par l’affirmative, ils me demandent si je peux les dépanner si le voilier vient jusqu’à moi. Le CROSS me dit alors de rester en veille, ça tombe bien, je me dois de surveiller ma montée d’eau. Après une fréquence de vidage toutes les cinq heures, je passe à une fréquence à toutes les heures trente pour endiguer le bazar et ainsi éviter un potentiel court-circuit. Tout compte fait, après un échange des plus sympathiques, mon interlocuteur du CROSS a finalement décidé de détourner un remorqueur de haute mer pour aller secourir le gars qui cherchait un antibiotique pour calmer une grosse fièvre avec début de gangrène. Over.
Six heures du matin, le deuxième compartiment commence à prendre l’eau, Alerte maximale, il me faut débrancher la batterie 1 et chercher la cause à l’extérieur ; je crois avoir trouvé l’origine de ces désordres…
A l’heure qu’il est je fais route dans une mer agitée avec un courant de 0.2 nœuds d’Est ; les vents sont portants et la houle croisée ne me facilite pas la rame. Le vent d’Est qui devrait virer NE, est toujours très soutenu avec des rafales à 30 nœuds. Je me trouve à 490 milles de La Restinga, soit un cinquième de ma traversée, avec 790 milles parcourus au compteur. A ce rythme, je vais mettre cinq mois à arriver ! ;-) Ma moyenne de ces dernières 24h est de 1.5 nœuds.
La seule aventure que l’on est sûr de ne pas réussir est celle que l’on ne tente pas !
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Vendredi 15/01/2021
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Le 34eme jour du reste de ma traversée.
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Le vent d’une dizaine de nœuds, qui oscille de l’Est au Nord Est avec des rafales jusqu’à une petite quarantaine de km/h forme une mer qui me ballotte allégrement à des hauteurs de plus de trois mètres. Pas simple dans ces conditions de faire route plus au sud, le cap tant souhaité ! Quatre-vingt-un kms de parcourus ces dernières 24h, à une moyenne de 3.37 km/h ; je vois du pays.
Côté embarcation, mon problème de batterie est résolu. J’ai bien identifié la cause, me reste à surveiller régulièrement. A part ça, toujours impossible pour le capitaine Limace de pouvoir ramer, mais il avance doucement. Déjà mon routeur s’inquiète et me questionne sur mes stocks de vivres et d’eau…Ca sent bon une arrivée en Martinique légèrement plus tard que prévu.
Pas de doigt coupé à signaler aujourd’hui. Over.
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Samedi 16/01/2021
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Le 35eme jour du reste de ma traversée.
Une des raisons qui m’a emmené à défier les éléments et à me confronter à moi-même comme jamais, est l’accident dont j’ai été victime il y a quelques années. Je rappelle que les blessures occasionnées ont nécessité deux opérations avec une greffe, trois mois de fauteuil roulant, des centaines d’heures de rééducation…bref, Rien Que Du Bonheur ! De par une importante atrophie mon genou n’a pas retrouvé son élasticité d’avant ; il couine, se craque, se coince me rappelant régulièrement à son bon souvenir. Spéciale dédicace aux Gueules Cassées.
Aujourd’hui malgré ces séquelles irréversibles, je suis engagé dans ce défi hors du commun. Mon corps est soumis à rude épreuve, je repousse mes limites physiques à travers les prises de risque quotidiennes que m’impose l’océan. Psychologiquement, je vis de grands moments d’introspection. Comment pourrait-il en être autrement ?
La météo composée d’une mer toujours aussi dingue ne me permet pas de ramer, je suis confiné dans la cabine attendant de meilleures conditions. La bonne nouvelle est ce vent NE qui me permet d’infléchir mon cap un peu plus au Sud. Quatre-vingt-neuf kms de parcourus ces dernières 24h.
Ne craignons pas d’être lent, craignons seulement d’être à l’arrêt.
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Dimanche 17/01/2021
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Le 36eme jour du reste de ma traversée.
Suite à une montée rapide de l’eau dans le compartiment 1 (batterie 2) j’ai l’obligation de vider le plus pour éviter un court-circuit. J.P me conseille d’évacuer les 240 litres d’eau que j’ai dans les ballasts, puis de vérifier si la fuite continue de rentrer dans le compartiment des batteries. Le ballast est le réservoir d’eau de grande contenance destiné à être rempli ou vidangé d’eau de mer afin de stabiliser le bateau et ainsi d’optimiser la navigation.
Donc, action réaction, opération vidange des ballasts qui seraient à l’origine des infiltrations d’eau, j’attends de voir les résultats des courses avant de rebrancher les batteries…c’est fait, à priori il n’y a plus rien qui rentre ! En revanche, après deux tentatives de rame, je me décide moi aussi à rentrer. Le fait que les ballasts soient vidés couplé à un océan agité m’incite à la prudence.
Depuis grâce à des alizés favorables je progresse bien, et bien que n’ayant pas très faim de nourriture terrestre, je bouffe de la latitude à chaque repas ; ce qui nourrit mon mental à défaut de nourrir mon organisme. Quarante-deux milles ces dernières 24h à une moyenne raisonnable de 1.75 nœuds.
A l’heure actuelle, les temps sont durs pour vous à terre, avec ce couvre-feu généralisé à 18h ; et pour moi qui traverse des moments assez compliqués à gérer également.
Je pense fort à vous toutes & tous, je vous embrasse.
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Lundi 18/01/2021
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Le 37eme jour du reste de ma traversée.
Yeppa ! Grâce aux alizés qui se décident à m’être enfin favorables, j’avance convenablement ! Cette accalmie me permet d’aérer la cabine, grand ménage à bord, la literie tout comme moi, prend l’air, ce qui n’était pas du luxe.
Mon avancée du jour se solde par 39.5 milles, j’ai parcouru 688 milles depuis El Hierro, soit 1275kms. Sur les cartes de ces derniers jours, l’on peut commencer à entrevoir les côtes martiniquaises…
Comme vous pourrez le voir sur la photo du jour, j’ai sorti une des trois bonnes bouteilles embarquées à l’occasion de mon départ. Du super Whisky breton single malt double maturation de la distillerie Armorik, un breuvage d’exception, à déguster avec modération ; merci à eux. Alors comme l’on dit chez nous lorsque l’on trinque : « à l’intelligence parce que la santé on l’a déjà ! »
Profitez bien du confort de pouvoir prendre votre café peinard au chaud, sans risque de le renverser. ;-)
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Mardi 19/01/2021
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Le 38eme jour du reste de ma traversée.
En tant que personne qui navigue à bord d’une petite mais néanmoins robuste embarcation à l’aide d’avirons pour contrôler ma vitesse & ma direction, je suis content de cette belle journée avec 86kms de réalisés. Ma joie vient de cet alizé que je prends de dos et qui m’offre de jolies parties de montagnes russes, ce qui me fait prendre conscience de ma vitesse. Pouvoir (re)ramer me remplit de bonnes ondes.
Au programme du jour, séance natation avec le nettoyage de la coque de « pépère », puis j’en profite pour faire de nouveaux réglages de la dérive.
Côté météo, l’alizé est bien établi ; rien à redire ce jour et sans doute pour les jours à venir. Il n’y a plus qu’à faire route. Si cet alizé pouvait souffler jusqu’au bout, ce serait le top ! Allez à mes avirons.
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Mercredi 20/01/2021
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Le 39eme jour du reste de ma traversée.
Enfin, ça peut ramer ! Les vagues et la houle toujours aussi grosses mais dans le dos, permettant d’avoir de bonnes sensations de surf. Par contre, kasu au retour d’avirons dans les tibias ; pour ceux qui ont connu, ça peut rappeler les retours de kick au démarrage sur les motos des années 60/70’s, sympathique lorsque celui-ci venait heurter le mollet. Enfin, ça peut ramer !
Ha au fait, je suis en train de me faire un ami volant, un oiseau marron avec une partie blanche à l’arrière train. Il commence à venir voleter au-dessus de ma tête. Je vais lui filer des biscottes pour briser la glace et peut être engager la conversation. Nous avons au moins une caractéristique commune lui & moi, celle de vivre sur cet océan, à cet instant, soumis à des conditions climatiques souvent rudes, sans qu’il nous soit possible de nous y soustraire. Ça peut nous faire un bon début de discussion.
Au compteur du jour, 48 milles soient à peu près 90 bornes. Alizés avec moi, pourvu que ça dure ; demain conditions identiques. Position GPS 20°20’56’’N / 29°31’23’’W. Avanti!
Il a l’air d’aimer les biscottes, j’engage la conversation.
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Jeudi 21/01/2021
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Le 40eme jour du reste de ma traversée.
Encore une belle journée de parcourue avec 84.6kms, si ça pouvait être comme ça jusqu’au bout de mon périple. En fin d’après-midi, le vent a tourné et… j’avais réglé ma barre un peu trop ‘Sud’.
Conséquence, cette nuit à 5h du mat, quand Paris s’éveille, comme le chantait Jacques Dutronc, j’ai connu une des plus grosses frayeurs de la traversée, ce que redoute tout marin a failli m’arriver, je veux parler d’un retournement en bonne et due forme. La cause, une déferlante, qui a quasiment renversé le bateau jusqu’à la tranche droite ; tout a valdingué et il était moins une de passer sur le toit, cul par-dessus tête ! C’est passé près, mais tout est bien qui finit bien.
Priorité du moment, il me faut absolument régler cette barre, sinon mes nuits vont être courtes et agitées ; et le sommeil c’est sacré !
Pour revenir aux choses sérieuses, mon copain volatile a bien digéré les biscottes et s’en est allé comme il était venu. Entre nous, sa conversation ne volait pas très haut.
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Vendredi 22/01/2021
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Le 41eme jour du reste de ma traversée.
Depuis que j’ai pris place seul, à bord de mon embarcation, fin prêt à m’attaquer à ce défi extraordinaire, 41 jours ont passé. Et je dois d’ores et déjà reconnaître en toute simplicité que ce sera sans nul doute l’Aventure intérieure la plus grandiose que j’aurai accomplie dans ma vie.
Question kilométrage, ça commence à filer fort vers l’Ouest, et j’ai fait plus de 250 kms en 3 jours. C’est bon pour le moral de l’homme qui continue de s’amariner de jour en jour. Par contre, ça tape fort et je recommence à éponger les compartiments de mes batteries, l’eau continue de s’infiltrer par la moindre entrée.
L’alizé est toujours bien établi, cela favorise ma progression vers le phare Ouest ; mais il va falloir que je fasse gaffe car mon cap devrait être beaucoup plus au Sud. Le vent va baisser sous 48h et la houle devrait s’aligner dans son axe. Ce qui signifie pour moi qu’il va me falloir ramer un peu plus. En même temps je suis venu pour ça.
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Samedi 23/01/2021
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Le 42eme jour du reste de ma traversée.
Sur l’Océan comme dans la vie lambda, les jours se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Pour preuve après avoir très bien avancé ces derniers jours, aujourd’hui je pense avoir réalisé le pire kilométrage depuis que je suis parti de La Restinga.
Mes nerfs sont soumis à rude épreuve, et je me dois de m’atteler à ma navigation, de me concentrer sur mon objectif. J’essaie en vain d’obtenir des coordonnées GPS en phase avec mes possibilités, donc j’attends, je crois que je n’ai jamais autant attendu de ma vie. Heureusement les moyens de communication satellitaires embarqués à bord du bateau, et qui sont ma seule forme d’assistance, fonctionnent. ;-)
Distance du jour donc, 36.6 milles en 24h pour une moyenne de 1.52 nœuds (2.8 km/h), 1496 milles effectués depuis El Hierro, 2770 kms. Le bon côté de la chose, c’est ce cap Sud-Ouest que je suis.
Mon routeur attentionné, qui a la délicatesse de m’emmener des croissants certains matins, reconnaît qu’il est plus facile derrière un écran d’ordinateur, de faire avancer des points sur une carte que de ramer sur un banc de rame au milieu de l’un des océans des plus hostiles. Hé oui, les éléments composés de houle et de vent se font un malin plaisir de brouiller les cartes, au sens propre comme au sens figuré. Bref, tout cela contrarie.
Va quand même falloir songer à se calmer Eole et à me prendre sous ton aile.
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Dimanche 24/01/2021
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Le 43eme jour du reste de ma traversée.
Il parait que je ne suis pas loin d’un des marins engagé dans la course du Vendée Globe, 60 milles précisément d’après J.P. Il s’agit d’Armel Tripon à bord de l’Occitane en Provence. En attendant de le doubler, je suis toujours en attente des prochaines nouvelles qui tomberont dès que la météo voudra bien me faire avancer grandement, sinon je vais encore être bon pour tester ma patience. Sainte Pétole soufflez pour moi.
Je vous avoue qu’en ce jour dominical, je ne sais pas si c’est dû au fait que l’église était fermée ce matin et que je n’ai pas pu me confesser, ou si c’est dû à ces conditions météorologiques merd**** mais je suis dépité. Le café était fermé aussi. Dépité vous dis-je. Sérieusement il y a des jours comme aujourd’hui ou je n’en vois pas le bout.
Et pourtant je ne relâche pas mes efforts, encore plus de six heures de rame aujourd’hui, espérant faire une distance honorable, pour pas grand-chose au compteur. Légèrement décourageant.
Sinon pour parler d’autre chose que de mes états d’âme, j’ai fait une rencontre hier, j’ai eu la visite d’un poisson ; après l’oiseau volant, le poisson volant ; sympathique, l’écaille brillante, l’œil vif, je n’avais pas de biscotte sous la main, je l’ai remis à l’eau.
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Lundi 25/01/2021
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Le 44eme jour du reste de ma traversée.
Que de chemin parcouru, il ne me reste plus précisément « que » 1650 milles nautique à réaliser sur les 2538 milles prévus, soit à peu près encore 3000 kms de rame devant moi. ;-) Ces dernières 24h, j’ai fait un petit 30 milles (55kms) à une vitesse moyenne de 1.25 nœuds (2.32km/h). « Chi va piano va sano »
La navigatrice Clarisse Cremer engagée sur le Vendée Globe va me couper la route à toute allure, en direction de sa ligne d’arrivée. Peu de chance que je l’aperçoive, elle navigue à une vitesse moyenne de 20 km/h sur sa formule1 des Mers.
Côté météo, la mer est belle à peu agitée avec toujours alizé d’Est, et un courant d’Est.
Il va me falloir redoubler mes efforts, et tirer encore un peu plus sur mes avirons. Ho Hisse !
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Mardi 26/01/2021
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Le 45eme jour du reste de ma traversée.
Compte tenu des déboires météorologiques rencontrés depuis le début de ma croisière, je suis satisfait de voir que j’ai accompli un petit 40% en 45 jours. Certes durant ma préparation physique et mentale je m’étais projeté à faire plus de distance à cette même date, mais c’est ainsi, je dois me résoudre à revoir mon prévisionnel de navigation. Et avoir déjà accompli ce trajet, c’est déjà pas mal.
Alors, je mets tout en œuvre, branle-bas de combat, et je rassemble toutes mes capacités pour surmonter mon quotidien, et donc surmonter les difficultés auxquelles je dois faire face. Je goute à l’effort, et je peux vous assurer qu’il n’a ni un gout sucré, acidulé ou parfumé mais plutôt salé, comme l’Océan. Comme vous pouvez vous en douter, le fait de solliciter à 200% mes capacités entraine de la fatigue physique bien sûr mais également intellectuelle, psychique et nerveuse. Traverser l’atlantique à la rame suppose d’être bien préparé à tous les étages.
Je prends conscience que ce qui me plait dans l’effort n’est pas l’effort en lui-même (je ne suis pas maso), non ce qui me plait c’est de me surpasser pour atteindre ma destination, La Martinique.
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Mercredi 27/01/2021
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Le 46eme jour du reste de ma traversée.
Vais-je croiser la route de Romain Attanasio sur son monocoque 'Pure Best-Western' ? Au train de sénateur qui est le mien, j’aurai tout loisir de l’admirer ! Je crois avoir compris que l’arrivée du Vendée Globe Challenge était imminente.
Beau temps, belle mer et 27.6 milles nautiques de parcourus depuis hier pour Cap’tain Limace ; un train de sénateur vous dis-je.
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Jeudi 28/01/2021
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Le 47eme jour du reste de ma traversée.
Alors comment dire pour résumer de manière positive cette semaine passée, c’est la moins bonne en termes de kilomètres parcourus, vous l’aviez bien remarqué. Et je ne parle pas des dernières 36 heures : nouveaux plaisirs problématiques avec les drisses du gouvernail. Les drisses sont les cordages qui servent pour hisser un élément du bateau à la hauteur auquel cet objet doit se situer. Problème en cascade, avec le gouvernail sur lequel des crochets ont entamé le tableau arrière ; quand ça veut rigoler, ça veut rigoler.
Tout cela occasionne des tracas, je suis systématiquement ennuyé avec les réglages. Quand mon routeur me dit de tirer à l’Ouest, je tire trop au sud, ou trop… au Nord ! Extrait de l’échange du matin bonheur entre le routeur & le rameur, ambiance feutrée d’un groom palace en mode petit déjeuner :
« toc, toc, toc room service. Sir JM Dupont a bien dormi? Over. »
Moi (mal réveillé) :
« hello, 56.200kms depuis hier 9h, cap compas 250, cap GPS 300 avec un courant Sud / Sud-Est et pas de vent, ma vitesse est de 0.8knt (1.5km/h). Je viens de passer une nuit blanche à cause de bruits bizarres qui continuent du côté du gouvernail. Dès que l’on se quitte, je m’harnache et je file vérifier ça dare-dare. »
Le préposé au petit déjeuner, JP pour vous servir :
« je confirme ce que je t’ai dit hier, alizé plus soutenu dans les 72h, profites en pour réparer les bobos »
« ok, je vais régler ça, j’ai le waypoint 32, on se contacte plus tard ?! Over. »
Malgré la présence rassurante de mon sacré routeur, pas une journée, ni une nuit de sereine depuis des lustres. Tel Ulysse, je rencontre à chaque fois une contrariété, causant encore du retard et, cerise sur le bateau, mes connectiques d’appareils sont en train de s’oxyder. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes aquatiques.
Tiens, après la cerise, je vais me manger des pâtes à l’italienne au soja bio, comme il est écrit sur le paquet ça va me faire voyager.
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Vendredi 29/01/2021
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Le 48eme jour du reste de ma traversée.
Je fais cap à une moyenne de 1.13 nœuds (2.10 km/h). Je m’approche petit à petit de la mi-parcours et l’alizé devrait comme prévu se renforcer d’ici demain, ce qui est plutôt une bonne chose.
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Samedi 30/01/2021
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Le 49eme jour du reste de ma traversée.
De très bonnes conditions météorologiques me permettent d’allonger les milles. Je navigue à une vitesse moyenne stratosphérique de 2.3 nœuds qui m’a emmené à réaliser plus de 100 bornes ces dernières 24h. C’est bon pour le moral !
La route est encore longue puisqu’il me reste 1511 milles (2790kms) à parcourir sur les 2520 à réaliser. Mais tous les jours qui passent me rapprochent inexorablement de l’Îlet aux Cabrits situé à la pointe de La Martinique.
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Dimanche 31/01/2021
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Le 50eme jour du reste de ma traversée.
R.A.S si ce n’est comme l’on peut le voir sur la carte du jour, un chapelet de voiliers de course qui me passe devant en direction de la baie des Sables-d’Olonne. Ils filent à toute vitesse toutes voiles dehors.
Portez-vous bien.
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Lundi 01/02/2021
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Le 51eme jour du reste de ma traversée.
En ce premier jour et de la semaine et du mois, rien à signaler côté météo, je n’ai fait qu’une petite moyenne de 1.52 nœuds soit 2.82 km/h, et ce malgré de bons alizés.
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Mardi 02/02/2021
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Le 52eme jour du reste de ma traversée.
Cela fait maintenant trois jours que ma cadence a augmenté avec sept heures de rame quotidienne et j’arrive pour le moment à tenir une moyenne relativement convenable ; 37 milles de parcourus ces dernières 24h. Je profite de l’alizé porteur qui m’aide grandement car le vent a sérieusement forci.
J’ai encore un petit peu de route pour atteindre le point symbolique qui marquera la moitié du chemin réalisé, le Cap des 2500 kms restant vient de tomber.
Côté embarcation, je continue de me battre avec les infiltrations d’eau mais à part ça, ça va !
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Mercredi 03/02/2021
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Le 53eme jour du reste de ma traversée.
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Bon ben les amis Eole auquel Homère a prêté douze enfants, six filles et six fils, vive la parité, m’a pris sous son aile. Je souhaiterai maintenant qu’il s’installe confortablement à mes côtés pour me tenir compagnie jusqu’au bout du périple. Je vais lui en toucher deux mots, espérons qu’il ne me mette pas un vent.
Eole m’étant favorable me permet de réaliser plus de 76 kms en 24h. L’alizé porteur me fait pas mal avancer ; Vitesse moyenne de 1.72 nœuds. C’est génial de pouvoir profiter des éléments qui m’aident bien en ce moment.
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Normalement, je passe le Cap de la mi-parcours dans les prochaines heures.
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Jeudi 04/02/2021
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Le 54eme jour du reste de ma traversée.
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Extrait d’un échange par liaison satellite ce matin avec JP, mon routeur de compétition. Allez je vous mets dans l’ambiance.
« toc toc toc…je suis votre routeur, pas reçu photos promises de la grosse houle envoyées par vous Sir JM Dupont, donc pas de carambars…Waypoint today, over »
Moi :
« Déconnes pas de bonne heure ni de bonheur »
JP :
« Avant de vous envoyer les infos météo, je voudrais vérifier que vous êtes bien JM Dupont parti de El Hierro à la rame, destination La Martinique. Si vous êtes bien JM faîtes le 1, sinon faîtes le 2 ; over »
Moi :
« Arrêtes de faire ton Rackham le Red, files moi please bulletin météo & waypoint… »
JP :
« Je n’ai pas compris votre réponse, over…Pourriez-vous passer à l’agence sachant que l’on est fermé l’après-midi ? Over. » Bon, tu es dans l’axe du waypoint 36 si, au milieu de tes activités d’atelier de mise en bouteille d’eau de mer dessalinisée, d’atelier tricotin, de comptage des provisions qu’il te reste, d’écopage du ballaste, du séchage de tes affaires, tu trouves un moment pour aller l’attraper, voici le WP 37 – 18°00Nord – 38°31West, alors il est pour toi…over. »
Moi :
« Ok merci, mais 88 bornes pour chopper le waypoint suivant, ça fait long, c’est beaucoup. Over. »
JP :
« Yes you Cam, je peux t’avancer le WP pour te faire plaisir mais il me semble que tu as hâte d’arriver en Martinique ; isn’t it ? Over. »
Moi :
« Compris le message, je vais me mettre au ban de rame ; il y a de la grosse houle de NW. Over. »
JP :
« Ok courage, tu es presque en haut du sommet, après c’est la redescente vers la Martinique, les cocotiers, le rhum. N’oublies pas de glisser une feuille de papier journal entre ton T-Shirt ‘Rameurs d’Océans’ et ta poitrine…faudrait pas que tu prennes froid ! A la prochaine vacation ; biz. Over. »
78 kms au compteur de parcourus en 24h, ce qui est très correct ! Banzaï !!!
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